Zones de rencontre (avec mini-exemple)

Créé le 17.08.2006
Modifié le 06.11.2017

La première vaste zone de rencontre dans le quartier résidentiel Burgfeld à Berne (photo: Béatrice Devènes)

Version en ligne: https://www.mobilservice.ch/fr/86.html

Profil & données-clés

Coûts d'exploitation annuels

0 5'000 20'000

Coûts d'investissement

0 10'000 50'000

Type de territoire

Taille de la commune

Calmer la circulation dans les quartiers résidentiels ou le centre des villages et des villes constitue un élément essentiel de la planification du trafic de chaque commune: des rues sûres pour tous les usagers, moins de bruit, un aménagement de l’espace et une atmosphère agréable apportent un confort et une qualité de vie accrus.

Depuis 2002, de dispositions sont entrées en vigueur en Suisse qui facilitent l’instauration de zones 30 et du nouveau concept de zones de rencontre (circulation à 20 km/h avec priorité aux piétons). La réglementation relative à l’aménagement des zones piétonnes n’a pas changé. Depuis, un grand nombre de zones à vitesse réduite, de rencontre et piétonnes ont vu le jour.

Les zones de rencontre convainquent en particulier car elles favorisent la cohabitation respectueuse de différents usagers et sont indiquées aussi bien pour les quartiers résidentiels et les abords des écoles, que pour les quartiers commerciaux, places de gare et vieilles villes. Suivant la taille des zones, différentes situations peuvent aussi être regroupées en une même zone de rencontre.

Exemples

Les exemples cités ici, ainsi que d’autres en Suisse, figurent sur la plateforme en ligne www.zonederencontre.ch, élaboré par l’association Mobilité piétonne Suisse.

Zone de rencontre dans un quartier commercial: exemple «espace flânerie» à Berthoud

La première zone de rencontre de Suisse dans le quartier de la gare à Berthoud

Dans le cadre du programme suisse d'économies d'énergie Energie 2000, Berthoud a été élue en 1995 cité modèle de la Suisse alémanique pour les piétons et les cyclistes. La commune a alors aménagé une « zone de flâne » dans le quartier de la gare dans le cadre d'un projet pilote. L'objectif était de développer une alternative à la zone piétonne, permettant aux piétons de flâner dans un environnement de commerces attrayant, tout en autorisant le trafic motorisé sous certaines conditions.

Après le scepticisme initial et certaines controverses, ce test a obtenu un écho positif auprès de tous les usagers ainsi que des commerçants. Il a permis de montrer qu'on pouvait créer des conditions sûres et attrayantes pour le trafic piéton tout en autorisant la circulation, et ce pas uniquement dans des zones d'habitation mais aussi au centre de localités, dans des zones mixtes. Avec la modification de l'ordonnance sur la signalisation fin 2001, la « zone de flâne » de Berthoud est devenue la première zone de rencontre de Suisse.

Vaste zone de rencontre dans un quartier résidentiel : exemple Ville de Berne, Burgfeld

Inauguration de la première vaste zone de rencontre dans un quartier résidentiel le 21 mai 2016 à Burgfeld à Berne (photo: Béatrice Devènes)

95 zones de rencontre (état 2016) ont été aménagées en ville de Berne, soit davantage que dans toutes les autres villes de Suisse. La plupart de ces zones de rencontre n’occupent que quelques segments de route.

La ville a inauguré en mai 2016 la première zone de rencontre d'envergure de Suisse, dans le quartier résidentiel de Burgfeld. Cette zone de rencontre à la frontière d’Ostermundigen englobe plusieurs rues de quartier, étroitement liées au lotissement. De nombreux accès aux maisons terminent directement sur la chaussée, sans trottoir. L'extension d’une zone de rencontre existante a permis de répondre au besoin d’aménager davantage d’espaces de jeu et de loisirs, tout en garantissant une meilleure sécurité du trafic. Pour y parvenir, il a juste fallu supprimer 8 des 120 places de stationnement.

La Ville de Berne a fait des expériences positives et d’ores et déjà créé une seconde et vaste zone de rencontre dans le quartier de Breitfeld. D’autres sont en planification. À Burgfeld, l’accent a dû être mis sur le respect de la vitesse, grâce à des adaptations ponctuelles au niveau de l’aménagement routier.

Zone de rencontre aux abords des écoles: exemple de Bremgarten BE

Zone de rencontre sur une route cantonale à Bremgarten bei Bern (photo: zonederencontre.ch)

Aux abords des bâtiments scolaires, le thème de la sécurité routière est particulièrement d’actualité. Il faut que les enfants puissent se rendre seuls à l’école, et y accéder doit pouvoir se faire à l’abri de tout danger. Par ailleurs, les enfants ne sont pas les seuls usagers vulnérables ; les seniors en font partie également.

À Bremgarten bei Bern, non seulement l’école borde la route cantonale qui traverse le centre de la localité, mais également une maison de retraite et des commerces. Profitant de l’assainissement du revêtement, la première zone de rencontre sur une route cantonale a été réalisée sur une distance de 140 mètres. L'ajout de stimulations optiques ciblées confère ainsi à ce tronçon l’apparence d^’une zone de flânerie.

L’impact des mesures atteste du succès de la mise en œuvre : dans la zone de rencontre, 30 % des écoliers – contre 17 % auparavant – attendent et observent avant de s’engager sur la chaussée. Outre l’amélioration de la sécurité routière, il a également été possible de réduire le niveau des émissions sonores. Le taux élevé d’acceptation est aussi attribuable à un intense travail de relations publiques. Mobilité piétonne Suisse s’est fait l’écho en 2008 du succès de cette mise en œuvre. Elle s’est en effet vue décerner le prix du Flâneur d’Or.

Zone de rencontre sur la place de la gare: exemple de Lyss

La zone de rencontre de la rue de la gare à Lyss, qui donne directement sur l’entrée de la gare (photo: Mobilité piétonne Suisse)

La route de la gare à Lyss a été transformée en zone de rencontre en 2003, au prix d’un réaménagement architectural préalable. Le secteur réservé au trafic, soigneusement nivelé, est toutefois délimité par ses différents revêtements, de même que par les trois places nouvellement aménagées et l’allée de feuillus récemment plantée qui agrémentent la zone. Un régime de sens unique a été introduit afin de limiter la circulation, conditionnée par la recherche de places de parc, et permettre un ralentissement du trafic. Les places accroissent la conscience à l’égard des autres usagers et ainsi la sécurité routière. La nouvelle artère de flânerie créée à Lyss revalorise aussi la place de la gare et favorise la cohabitation dans un esprit de respect. La zone de rencontre s’est vue décerner en 2004 une distinction dans le cadre du Flâneur d’Or.

Zone de rencontre au cœur de la vielle ville: exemple Ville de Soleure

Accès à la zone de rencontre de la vieille ville de Soleure (photo: zonederencontre.ch)

Dans de nombreuses villes historiques, le centre est devenu une zone piétonne. Dans d’autres, le trafic motorisé est (en partie) interdit ou alors l’accès au cœur de la ville ne peut pas être empêché. De plus, il faut également pouvoir garantir le trafic de livraison.

Le régime de la zone de rencontre permet dans de nombreux cas de répondre au mieux aux exigences multiples requises, en particulier dans des situations où une interdiction (partielle) de circuler se superpose à une zone de rencontre. Au cœur des vieilles villes, justement, le trafic de livraison autorisé peut être très intense à certaines heures de la journée, mais il faut aussi pouvoir établir, à ces heures, un régime de circulation supportable pour la ville.

Depuis avril 2006, toute la vieille ville de Soleure est signalée comme étant une zone de rencontre. A certaines heures de la journée, il y a, comme auparavant, des limitations de l’accès ou de la traversée. La zone de rencontre est un instrument exceptionnel qui a fait ses preuves pour promouvoir la vie et l’animation au cœur des villes. S’agissant de celle aménagée dans la vieille ville de Soleure, il a été possible d’intégrer avec succès, en un concept unique, les nombreuses exigences des différents groupes d’intérêt.

Description

Contexte

Avec l’accroissement important de la motorisation et le flux du trafic automobile circulant ou à l’arrêt, les rues ont souvent perdu, ces dernières décennies, leur fonction originelle d’espace de vie et de commerce. Aussi, la qualité de vie s’est détériorée, notamment dans les quartiers résidentiels, tout comme la sécurité dans les rues résidentielles ou celles où les enfants ont l’habitude de jouer.

Les zones à vitesse limitée (zones 30 et zones de rencontre) permettent de corriger efficacement ces effets négatifs: on arrive à augmenter la sécurité du trafic tout en améliorant la qualité de vie et d’habitat des résidents. Dans le cadre de leur politique de sécurité routière, la Confédération et l’Office fédéral des routes (OFROU), office compétent dans ce domaine, prévoient l’introduction accrue de mesures de ralentissement du trafic en tant que contribution importante à la réalisation de l’objectif «vision zéro», à savoir une circulation routière sans morts et sans blessés graves.

Grâce à une meilleure coordination entre l’habitat et le trafic, un rôle important est également accordé à la conception de l’espace routier dans le cadre de la politique des agglomérations. Si un financement direct par les programmes d’agglomération n'est pas possible, ceux-ci contribuent toutefois indirectement à accroître le taux de cofinancement de la Confédération.

Offre

Depuis 2002, les zones de rencontre (signal 2.59.5 OSR) comblent la brèche entre vitesse 30 et zone piétonne (source: Ordonnance sur la signalisation routière OSR)

L’existence de ces zones de rencontre, devenue réalité depuis 2002, incarne l’un des régimes de circulation envisageables. Cette forme de mise en œuvre est à prendre en considération à proximité des zones piétonnes et des zones limitées à 30 km/h. Dans le cadre du modèle de vitesses 50/30 km/h du bpa également, les zones de rencontre figurent parmi les mesures complémentaires pertinentes recommandées aux cantons et communes pour améliorer la sécurité routière.

La réglementation pour l'aménagement des zones piétonnes n'a pas changé. Les zones piétonnes peuvent toujours être mises en place sans expertise particulière et sans contrôle ultérieur. Les véhicules autorisés exceptionnellement ne peuvent rouler qu'au pas. Les piétons ont toujours la priorité.

Une zone 30 peut être réalisée dans des rues secondaires de quartiers ou de zones résidentielles et, dans des cas exceptionnels (centres de localités, vieille ville) également dans des rues principales. Le principe de base qui prévaut est celui de la priorité de droite. Les piétons ont en outre le droit de traverser n'importe où, aucun passage pour piétons n'étant prévu. Ils ne sont toutefois pas prioritaires.

Dans les zones de rencontre, la vitesse maximale pour tous les usagers est de 20 km/h. Les piétons ont la priorité par rapport à la circulation mais ils ne doivent pas entraver inutilement le trafic. Le stationnement n'est permis qu'aux emplacements signalisés ou marqués. La zone de rencontre a remplacé, début 2002, la rue résidentielle dans la législation fédérale et elle peut être instaurée dans le centre des localités ainsi que dans les zones résidentielles.

Malgré la marge de manouvre laissée par la nouvelle législation, les communes doivent prendre en considération les points suivants qui sont essentiels si elles veulent réaliser des zones à vitesse limitée avec succès:

elles doivent définir des critères selon lesquels elles fixent les périmètres adaptés à des zones de rencontre et des zones 30;
elles doivent prendre des mesures d'accompagnement efficaces; en effet si, le cas échéant, le contrôle ultérieur s'avère négatif, elles doivent rééquiper la zone;
elles doivent veiller à entretenir de bons contacts et une communication efficace avec les habitants, les institutions et les organisations de la commune.

Expérience

Bien conçues les zones de limitation de vitesse et donc les zones de rencontre, sont très efficaces. L’expérience montre toutefois que le succès de la modération de la circulation dépend non seulement des aspects techniques mais également de certains aspects sociaux: pour une mise en œuvre et une utilisation optimale des instruments de modération du trafic, il faut une coopération de tous les acteurs impliqués dans le projet (Confédération, cantons, communes, institutions et population). La base nécessaire pour que la confiance s’instaure entre tous les participants est une information ouverte et la possibilité de donner son avis. Pour mettre en place avec succès des zones de ce type au centre des localités, il faut aussi un large soutien allant au-delà des clivages politiques et idéologiques.

Les zones de rencontre ont démontré leur bien-fondé en matière de sécurité routière: elles permettent non seulement d’éviter des accidents mais aussi de diminuer le nombre d’accidents entraînant des blessures graves. L’adoption de mesures d’accompagnement adaptées à la situation, telles que l’aménagement des zones ou la sensibilisation de la population, sont très importantes pour la sécurité. Enfin, il faut sans cesse informer et communiquer sur le thème de la cohabitation sur un mode plus lent et de la compréhension mutuelle, de nombreux usagers de la route devant encore s’habituer aux règles d’un nouveau comportement sur la voie publique.

Tout (ou presque) est possible dans une zone de rencontre. La faible vitesse des véhicules et la priorité accordée aux piétons permettent d’utiliser à nouveau la rue comme un espace résidentiel. Ceci présuppose toutefois que cette zone soit bien conçue. Il existe aujourd’hui un vaste choix de bons exemples.

Depuis l’« invention » et l’introduction des zones de rencontre en Suisse, d’autres pays européens ont adapté ce régime de circulation : la Belgique en 2005, la France en 2008, le Luxembourg en 2009 et l'Autriche en 2012. En Autriche notamment, le nombre de zones de rencontrecroît rapidement, ainsi qu’en atteste leur propre portail de bons exemples. Il existe des concepts similaires aux zones de rencontre notamment aux Pays-Bas (rue résidentielle et Shared Space (espace partagé)) et en Allemagne (zone de ralentissement du trafic). En Belgique, l’approche se base sur le « Code de la rue », une ligne directrice définissant la rue comme espace public, tenant en particulier compte de la protection des piétons.

Effets

Environnement et énergie

Le niveau de bruit et la pollution atmosphérique ainsi que la consommation d’énergie diminuent; en aménageant les rues – notamment en ajoutant des zones de verdure – on revalorise la qualité de l’environnement. À Bremgarten BE, une réduction des émissions sonores de 3 décibels, soit la moitié des nuisances, a été atteinte.

Société

Les rues deviennent plus sûres pour les usagers d’une mobilité douce (piétons et cyclistes) et la qualité de vie et d’habitation des résidents augmente. Les rues des quartiers résidentiels retrouvent leur fonction originelle de lieu de flâne et de rencontre. Les analyses de répercussions fiables sont rares, mais quelques-unes ont été réalisées. À Bremgarten BE, on a constaté que la disposition des automobilistes à s’arrêter avait augmenté, notamment vis-à-vis des enfants. Par ailleurs les usagers de la route se comprennent mieux, de sorte que souvent, la priorité est laissée aux voitures.

Economie

Les zones à trafic modéré dans le centre des localités entraînent une augmentation du chiffre d'affaires des commerces locaux. La diminution du nombre d'accidents induit une baisse des coûts économiques.

Outils

Démarche

Influer sur une décision politique de principe en faveur des zones à vitesse limitée en indiquant les objectifs dans les grandes lignes. L'initiative peut venir de la population, d'organisations de quartier, du Parlement, de commissions politiques, etc.
Prise de contact avec les autorités cantonales responsables de l'autorisation. Chaque canton ayant ses propres procédures et critères pour l'autorisation des zones à vitesse limitée, il est utile de se renseigner au préalable.
Elaboration d'un concept global (stratégie) comprenant les zones, les catégories de rues (p. ex. distinction entre des rues à forte circulation et des rues résidentielles), signalisation des zones, plan de financement, marketing, programme de réalisation, etc. Associer éventuellement dès ce stade déjà les groupes de population concernés.
Demande de crédit en fonction du plan de réalisation auprès de l'autorité politique compétente.
Prise de contact avec les groupes de population concernés en leur permettant de s'exprimer et de donner leur avis.
Elaboration de la planification détaillée par un planificateur du trafic.
Définition du concept de marketing et établissement du marketing en tant qu'activité continue sur le long terme.
Mise en ouvre (signalisation et construction).
Évaluation (mesures de la vitesse, analyse des accidents, analyses vidéo, etc.).
Rééquipement si le contrôle ultérieur s'avère négatif ou en cas d'acquisition de nouvelles connaissances.

Financement

Les coûts de conception et création des zones de rencontre sont en principe supportés par les communes, ou le propriétaire foncier. Les règlements appliqués varient selon les cantons. Sur les routes cantonales, le canton de Berne prend par exemple en charge les coûts correspondants aux mesures à prendre en vue du respect de la norme, les coûts dépassant étant à la charge de la commune en cas de dépassement. Des renseignements plus détaillés peuvent être obtenus auprès des offices cantonaux spécialisés.

Marketing

Le marketing est d’une importance capitale pour l’acceptation des zones à trafic modéré dans les quartiers et le centre des localités. Il faut associer activement la population, les organisations de quartier, les associations de commerçants, etc. au processus dès la phase de planification. Ce n’est que par ce travail de fond que l’on arrive à obtenir un large soutien. La règlementation minime appliquée dans les zones de rencontre va de pair avec une coexistence active. Suivant la situation, des usagers de la route particulièrement vulnérables comme les seniors et les enfants peuvent être familiarisés à ce nouveau régime de circulation dans le cadre de rencontres. Il est possible de minimiser les confits par le biais de la communication et de l'information de l’ensemble des usagers de la route.

Informations complémentaires

Autres liens:

Vaste collection de zones de rencontre raéllisées en Suisse www.zonederencontre.ch
Zones de rencontre dans la Ville de Berne (de)
Zones de rencontre en Autriche (de)
Zones de rencontre en France, Belgique et au Luxembourg (fr)
Mobilité piétonne Suisse: film «Piétons d’abord - expériences dans les zones de rencontre en Suisse» (14 min)
Flâneur d’Or – prix Infrastructure de Mobilité piétonne: www.flaneurdor.ch
Association transports et environnement ATE Vitesse 30 dans les centres: www.tempo-30.ch

Adresses de contact et fournisseurs:

Ville de Berne
Planification routière
Zieglerstrasse 62, Case postale
CH-3001 Berne
Tél. 031 321 70 10
Mobilité piétonne
Klosbachstr. 48
CH-8032 Zurich
Tél:043 488 40 30
www.mobilitepietonne.ch

Demandez également conseil aux délégués de Mobilservice Pratique de votre canton.

Responsable de l'élaboration du présent cas pratique: